Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Lectures, analyses et réflexions de Raphaël

14 décembre 2023

"UNE AUTRE HISTOIRE DU MONDE", une exposition renversante au MUCEM à Marseille (Raphaël ADJOBI)

         "UNE AUTRE HISTOIRE DU MONDE"

 une exposition renversante au Mucem à Marseille

Planisphère Thuram

 

La veille de son intervention pédagogique au lycée Adam de Craponne à Salon-de-Provence le jeudi 23 novembre 2023, La France noire a fait un déplacement culturel à Marseille, au Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) où se tient l’exposition « Une autre histoire du monde » jusqu’au 11 mars 2024. Renversant, est le qualificatif qui convient à ce travail très instructif et unique en France réalisé par Pierre Singaravélou, Fabrice Argounès et Camille Faucourt.... LIRE LA SUITE DE L'ARTICLE : www.lafrancenoire.com 

Ou taper : www.lafrancenoire.com 

Raphaël ADJOBI

 

Publicité
27 octobre 2023

L'histoire coloniale de la France face à son récit national (Analyse de l'entretien de pierre Singaravélou - Télérama n° 3847)

                L'histoire coloniale de la France

                      face à son récit national

Blois - les Fontations texte OK

          Non, vous ne vous trompez pas. La France a deux histoires qui se font face. Parce que la première n’a pas de place dans notre récit national, la notion même de nation est à redéfinir par nos autorités politiques. Vous verrez pourquoi. « L’histoire linéaire à la papa » de nos manuels scolaires partant des conquêtes aux indépendances – lorsqu’elle évoque les terres étrangères – « comme si les peuples non européens n’attendaient que d’être colonisés par des Blancs pour accéder enfin à la modernité » (Introduction de l’entretien par Juliette Cerf), n’a jamais considéré notre passé colonial comme faisant partie de l’Histoire de France.

          En effet, « jusqu’à la fin du XXe siècle, la colonisation était considérée comme un phénomène extérieur à l’histoire de France, n’ayant pas droit de cité dans le récit national », confirme Pierre Singaravélou. Quoi de plus normal alors qu’à la fin de ce premier quart du XXIe siècle notre passé colonial ait tant de mal à se faire une place digne de ce nom dans notre enseignement ; une situation aberrante qui éclaire le constat de la fracture actuelle entre la France et les ressortissants de ses anciennes colonies. Fracture qui justifie l’existence et le combat de l’association La France noire. Et l’historien poursuit : « La France a pourtant été un empire avant de devenir un état-nation et l’hexagone a, dans presque tous les domaines, été profondément marqué par l’expansion coloniale ». En d’autres termes, la France d’aujourd’hui est le produit de son passé colonial. « Et cette histoire est vivante, présente à travers de multiples traces matérielles perceptibles en France et dans les anciennes colonies. Le passé colonial hante nos paysages urbains à travers les monuments ou des noms de rue dont nous avons parfois oublié le sens ». Autre grande trace incontournable laissée par ce passé : la géographie de la France d’aujourd’hui ne se limite pas à l’hexagone. Notre France est donc partagée par une diversité de populations. Aussi, continuer en ce XXIe siècle à enseigner une histoire française écrite par les seuls blancs colonisateurs est inadmissible, inacceptable.

Colonisations

          La France noire ne cesse de le répéter – après François Durpaire, auteur de Nos ancêtres ne sont pas gaulois (Albin Michel, 2018) : pour que notre histoire nous rassemble, il est nécessaire qu’elle nous ressemble. Et c’est tout l’enjeu du livre collectif dirigé par l’historien Pierre Singaravélou intitulé Colonisations. Notre histoire. Oui, l’histoire coloniale doit être intégrée à l’Histoire de France ! Pour ce travail qui concerne les nombreuses régions ayant appartenu un temps à l’empire français, Pierre Singaravélou a réuni « deux cent cinquante chercheuses et chercheurs dont près de la moitié vivent et enseignent à l’étranger, et pour beaucoup dans les colonies, en Afrique de l’Ouest, en Asie du Sud-Est, au Maghreb et en Amérique du Nord ». Des populations auxquelles on nie aujourd’hui encore – pour certaines – une civilisation propre avant la colonisation par les Européens. C’est sans doute ce qui justifie le chapitre du livre consacré à ces « sociétés à la veille de la colonisation ». Précisons que dans ce travail, un soin tout particulier a été pris pour éviter l’expression « sociétés post-coloniales » qui sous-entend que les peuples non européens ont attendu d’être colonisés pour entrer dans l’ère de la civilisation. Et chose absolument innovante qui nous satisfait pleinement, c’est que parmi les auteurs français, « on compte de nombreux historiens et historiennes des universités des Antilles, de Guyane, de la Réunion, de Polynésie et de Nouvelle-Calédonie, qui sont généralement invisibilisés en métropole ».

                    Pour que l’avis des Noirs compte

          En effet – on ne le dit presque jamais sur les chaînes des radios et des télévisions – à force de ne pas prendre en compte l’histoire des Français non blancs, c’est-à-dire à force de négliger leurs voix dans notre récit national aux contours inévitablement monolithiques, nos compatriotes issus de la colonisation de l’Afrique et de nos îles lointaines se sont depuis longtemps tournés vers les universités américaines, australiennes, anglaises, canadiennes, sud-africaines, où on admet que les voix des colonisés côtoient celles des colonisateurs, où on tient compte du fait que l’histoire coloniale « s’est aussi racontée en iroquois, en wolof ou en quôc-ngu (vietnamien) » ; des pays où il n’est pas nécessaire d’avoir été choisi par un Blanc pour avoir droit à la parole, où ce ne sont pas toujours les mêmes qui parlent au nom de la nation et de son histoire. La France ne s’est jamais soucié de ce phénomène d’évasion qui prive sa jeunesse d’un grand nombre de ses chercheurs qui pourraient la nourrir de connaissances diverses.

          L’objectif de ce travail d’une histoire partagée par les différentes populations de la France d’hier et d’aujourd’hui que nous offrent Pierre Singaravélou et ses nombreux collaborateurs suppose le respect de l’Autre, de son histoire singulière qui est aussi celle de la France. Nous convenons donc avec la direction de cette équipe que « décoloniser » la société française ne signifie nullement effacer le récit national des Français blancs pour laisser la place à celui des Français non blancs – ce n’est pas le grand remplacement ! – « mais au contraire enrichir notre histoire en la repeuplant de multiples actrices et acteurs oubliés ». 

Raphaël ADJOBI

28 août 2023

Les racistes et la couleur du sang (Réflexion)

Cliquez ici pour lire l'article : Les couleurs du sang humain et l'invention du racisme

La couleur du Sang

 

24 août 2023

La mémoire esclavagiste et négrière de la Normandie enfin retrouvée !

La mémoire esclavagiste et négrière de la normandie

                  en trois expositions

Musée Dubocage Havre août 2023

Il est heureux de constater que les villes négrières et esclavagistes retrouvent peu à peu la mémoire. Je vous invite à découvrir trois villes normandes unies dans un même projet : Esclavage, mémoires normandes   

10 juin 2023

La fabrique du petit colonisateur français raciste

         La fabrique du petit colonisateur raciste

               (Georges Sadoul : 1904 - 1967)

Le petit colonisateur 2

Comment, à travers la bande dessinée et les images quotidiennement publiées dans les revues durant tout le XXe siècle, la France à réussit à populariser l'image du colonisateur blanc et celle du Noir sauvage qu'il doit dompter et civiliser. Georges Sadoul nous peint l'enseignement français du mépris du Noir pour mieux asseoir la supériorité du Blanc : 

L’image du Noir dans l’instruction des Français au XXe siècle

Par Georges Sadoul - 1904-1967. Extrait de la traduction de "Sambo without Tears" dans Nancy Cunard, Negro Anthology, 1931-1933, Londres. " [...] Je lis en ce moment des journaux rédigés spécialement pour les enfants français : Cri-Cri, l'Épatant, Pierrot, Le Petit illustré, qu'on tire chaque semaine chacun en de milliers...

http://lafrancenoire.com


 

Publicité
3 juin 2023

Le Noir dans l'imaginaire européen

            Le Noir dans l'imaginaire européen

Images noires les indigènes

Après un travail minutieux à partir des bandes dessinées américaines et européennes sur deux siècles (XIXe et XXe), Fredrik Strömberg (Images noires, PLG) distingue « au moins sept différents stéréotypes basiques de Noirs dans les histoires visant principalement le public blanc » ; en d’autres termes des histoires pour instruire les Blancs tout en les amusant. Et c’est la répétition de ces stéréotypes qui ont forgé pour longtemps dans l’esprit de ceux-ci l’image qu’ils ont majoritairement des Noirs aujourd’hui.

Stéréotype n° 1 : L’indigène : C’est « la description peu flatteuse des natifs d’Afrique comme des sauvages infantiles, à la fois stupides et dangereux ». C’est cette image de l’Africain que véhiculent par exemple les BD Tarzan, Zembla, Akim, Tintin au Congo

Stéréotype n° 2 : L’« oncle Tom » : C’est « l’éternel soumis, humble et magnanime, qui ne remet jamais en question la supériorité de la classe blanche dominante ». Nous signalons à ceux qui ne le sauraient pas que « Son nom vient de la lecture populaire traditionnelle, même si quelque peu incorrecte, du personnage éponyme dans le roman d’Harriet Beecher Stowe, La case de l’oncle Tom ».

Stéréotype n° 3 : Le coon : C’est la représentation du Noir comme « un chenapan comique connu pour ses tours espiègles et ses distorsions linguistiques » ; en d’autres termes un jeune voyou (petit nègre?) adepte du langage dit « petit nègre ». Remarque : retenez que ce langage est inventé par les Blancs eux-mêmes parce qu’ils croyaient naïvement qu’en vidant leur langue des tournures qu’ils jugeaient complexes – donc en appauvrissant leur langue – ils se faisaient mieux comprendre des « sauvages ». Or, on retient ce qui est enseigné ou montré. 

Stéréotype n° 4 : le piccaninny : Ce stéréotype est « une version enfantine du coon qui se laisse souvent emporter par son imagination et par son amusant enthousiasme débordant ». 

Stéréotype n°5 : Le mulâtre ou la mulâtresse tragique : « Particulièrement courant comme sujet de film : (il s’agit d’) une personne (le plus souvent de sexe féminin) sexuellement déchirée entre le monde des Noirs et celui des Blancs ; sa nature sensuelle faisant d’elle un objet acceptable du désir blanc tandis que son héritage noir la condamne à un destin tragique ». Remarque : ce rôle est souvent tenue par une femme métisse, ou une blanche ayant un(e) aïeul(e) noir(e).

 

Images noires 2 mammys

Sixième stéréotype : la mammy : Il s’agit d’ « une sorte d’oncle Tom au féminin, dotée d’un corps vaste, ingrat et asexué et d’une loyauté sans faille vis-à-vis de la maisonnée blanche pour laquelle elle travaille ».

Septième stéréotype : le buck : C’est « un mauvais nègre, fort, violent et à l’esprit rebelle, qui fonctionne le plus souvent comme exemple de ce qu’il ne faut pas faire ».

Bien évidemment, comme le fait remarquer Fredrik Strömberg, ces stéréotypes entretiennent avec eux certains personnages de bande dessinée que le lecteur peu aisément retrouver dans ses souvenirs. C’est ce lien étroit entre images filmiques et images dessinées qui permet à tout le monde – Blancs et Noirs, citadins ou gens de la campagne – de reconnaître ces stéréotypes. De toute évidence certaines ont été inventées par les Américains. Une mondialisation de l’image du Noir essentiellement fabriquée par la culture américaine donc. Et quand on ajoute à cela, les stéréotypes que Georges Sadoul (1904 – 1967) pense être propagés par la France, nous avons une image singulière du Noir dans la culture européenne. Le texte de George Sadoul a déjà été publié sur notre site sous le titre « L’image du Noir dans l’instruction des Français au XXe siècle ».

 

Images noires la civilisation

Georges Sadoul :« Voici la conception du Nègre que [les] journaux veulent imposer aux enfants. Cette conception est celle que la bourgeoisie française a du Nègre »

“A l’état sauvage, c’est-à-dire avant d’être colonisé, le Nègre est un dangereux bandit. […] Le Nègre une fois pacifié a bien ses défauts. C’est un ivrogne fini. […] Le Nègre est aussi un serviteur effroyablement paresseux. Il faut le gourmander pour en obtenir quelque chose. 

Mais il a ses qualités : le Nègre est un bouffon destiné à amuser les Blancs. C’est le fou des rois français. Et c’est sans doute parce que le Nègre est un bouffon que les seuls d’entre eux qui soient réellement toujours admis dans tous les salons français sont les grooms et les musiciens de jazz destinés à faire danser les élégants messieurs et dames. [Vous pouvez donc comprendre pourquoi les clowneries de Joséphine Baker n’ont jamais séduit les Noirs].

Le Nègre a d’autres qualités. On peut en faire un soldat. […] On voit en lisant ces journaux d’enfants destinés à faire de leurs lecteurs de parfaits impérialistes quelle est l’idée que la bourgeoisie française entend imposer de l’homme de couleur. [...] ». 

Présentation : Raphaël ADJOBI

25 mars 2023

Les tirailleurs de Thiaroye vus par Julien Fargettas, un historien gardien du temple (Raphaël ADJOBI)

Les tirailleurs de Thiaroye vus par Julien Fargettas, un historien gardien du temple

(par Raphaël ADJOBI)

Des soldats noirs face au Reich

          Dans l’ouvrage collectif publié en 2015 sous la direction de Johann Chapoutot et Jean Vigreux intitulé Des soldats noirs face au Reich, les massacres racistes de 1940, Julien Fragettas revient brièvement dans sa contribution sur les massacres des tirailleurs africains au camp de Thiaroye au Sénégal en décembre 1944. Il y accuse le réalisateur sénégalais Sembène Ousmane, qui a produit une reconstitution de la tragédie dans un film, d’un « parti pris certain » parce que – selon lui – il présente des « images en contradiction flagrante avec les éléments d’archives ». Cependant, en lisant son article qui se veut pourtant celui d’un historien, on ne peut s’empêcher de porter à son égard la même accusation pour son aveuglante fidélité aux archives qu’il savait falsifiées. 

          Julien Fargettas commence par situer le contexte de la tragédie en ces termes : « A la fin du mois de novembre 1944, le camp accueille un peu plus de 10 000 tirailleurs récemment libérés des camps de prisonniers allemands. Le détachement est difficile à commander et le processus de démobilisation se fait dans une situation de pénurie matérielle complète autant que d’imbroglio administratif ». Cette présentation est-elle celle des archives de l’armée ? Est-elle celle de la réalité ? Dans quel document administratif a-t-il lu que « le détachement était difficile à commander », que « le processus de démobilisation s’est fait dans une situation de pénurie matérielle complète », et enfin que le processus de démobilisation s’est fait dans un « imbroglio administratif » ? Nulle part ! Ce sont là des interprétations personnelles propres à un romancier mais indignes d’un historien ayant le devoir de s’attacher aux faits. De quel matériel des soldats démobilisés réunis dans l’attente de rentrer dans leurs familles avaient-ils besoin dans ce camp ? De quel imbroglio administratif pouvaient-ils se plaindre ? Le nombre de 10 000 tirailleurs a été choisi ou inventé exprès pour que le lecteur imagine la charge pesant sur le commandement blanc. En réalité, « De nombreux rapports mentionnent que, le 28 novembre 1944 [donc 4 jours avant le drame], cinq cents [500!] ex-prisonniers de guerre refusaient de partir pour Bamako » (Armelle Mabon, Prisonniers de guerre indigènes, visages oubliés de la France occupée, La Découverte, 2010, 2019). Voilà les choses plus précises et plus claires. 

          De toute évidence, à la manière d’un romancier et non d’un historien, ce chiffre et les trois arguments explicatifs inventés [relisez-les si nécessaire] ne sont qu’un prétexte pour que le lecteur accepte avec beaucoup de bienveillance l’origine du drame ainsi présentée. Une fois donc le contexte fictif créé, Julien Fargettas poursuit : « Révoltés par cette situation, les tirailleurs interpellent violemment un officier, qui voit dans ce mouvement revendicatif une mutinerie ». Avez-vous noté ? Il y a d’un côté la multitude (les tirailleurs) faisant preuve de violence (violemment) ; et de l’autre un seul homme blanc (un officier) ! Cette inégalité du nombre en présence ne justifie-t-elle pas l’usage de la force des armes, surtout lorsque Julien Fargettas prête à l’officier un sentiment de peur ? En effet, « [celui-ci] voit […] une mutinerie » ! Après avoir ainsi préparé le lecteur à la réaction de l’officier face à cette violente interpellation prise pour une mutinerie, il ajoute logiquement et simplement : « le commandement militaire décide de mater ce mouvement. La répression s’opère au matin du 1er décembre 1944 et son bilan est tragique : 35 morts parmi les mutins ». Là encore, retenez le chiffre avancé ; nous y reviendrons. Mais soulignons que le fait que Julien Fargettas n’ait pas remarqué dans sa propre formule la préméditation du crime – « le commandement décide de mater ce mouvement » – le disqualifie totalement dans sa démarche qu’il voudrait celle d’un historien !

          Le récit de Julien Fargettas est terminé. Nulle part il n’est fait mention de la revendication des pensions non payées ayant provoqué dans le cœur des tirailleurs un sentiment de grande injustice après le sacrifice accompli pour « la mère patrie ». Bien sûr, il n’a pas trouvé cette information dans les archives ; et ceci explique cela. La préciser parce que les tirailleurs l’assurent lui a semblé peu digne d’intérêt. Il passe alors en toute logique rapidement à la conclusion ou à la situation finale de son récit pour dire ce que sont devenus les protagonistes ou du moins ce que ressentent leurs descendants : « La révolte est étouffée mais, si en France l’événement a très peu d’écho, il demeure à vif dans les mémoires africaines et devient le symbole d’une ingratitude. […] La tragédie demeure aujourd’hui encore au cœur d’un conflit mémoriel et certains n’hésitent pas à remettre en cause le bilan de la répression ou bien encore à accuser les autorités françaises de cacher certains documents relatifs à l’événement ». Plutôt que de chercher les éléments qui expliqueraient le sentiment d’ingratitude éprouvé par les Africains – comme il l’a fait au début de son récit pour le commandement blanc éclairant son acte – il prend le parti de leur reprocher de « ne pas hésiter à remettre en cause le bilan de la répression », de « ne pas hésiter à accuser les autorités françaises » ! Il aurait voulu voir les Africains adopter un autre comportement. Julien Fargettas n’est même plus un romancier, mais un juge. Un juge partial ! 

          Intéressons-nous maintenant aux 35 morts annoncés. Nous constatons que notre auteur s’en tient strictement au nombre de morts indiqués par les archives françaises. Il ne précise pas, comme d’autres historiens, que dans cette affaire le nombre de morts reste une zone d’ombre. Justement, Armelle Mabo relève qu’un tract du consul général britannique de l’époque adressé aux autorités américaines à Dakar parle du triste assassinat de 115 « de vos camarades » (Prisonniers de guerre indigènes, La Découverte 2010, 2019). Dans la seconde édition de son livre, en 2019, elle mentionne ces propos du président François Hollande lors de son discours du 30 novembre 2014 : « Trente cinq tirailleurs trouvèrent la mort, d’après les rapports officiels de l’époque. Si l’on ajoute les victimes décédées de leurs blessures immédiatement après les faits, ils furent sans doute plus de soixante-dix ». Du simple au double donc ! Même si le livre collectif était déjà entre les mains de l’éditeur pour ne pas lui permettre de tenir compte du nouveau chiffre paraissant officiel, Julien Fargettas avait tout de même lu la première édition du livre d’Armelle Mabon et il savait très bien que celle-ci a montré sur près de 4 pages toutes les falsifications opérées par les autorités françaises sur les documents d’archives pour parvenir au nombre de 35 morts. Elle y montrait aussi que dans les actes de décès des dossiers consultés, il manque 300 hommes. Elle faisait donc voir que le chiffre de 380 morts annoncés par Sembène Ousmane est proche de la vérité. Au regard des falsifications, elle a titré ce chapitre de son livre « Thiaroye : un mensonge d’État ».

          Mais pour bien se rendre compte que c’est volontairement que Julien Fargettas a tenu à ne jamais remettre en question les chiffres et les rapports officiels – même quand les falsifications crèvent les yeux – et comprendre en même temps pourquoi il a montré un parti pris flagrant pour l’État français contre les tirailleurs, il faut lire ce que Raffael Scheck a écrit dans le même ouvrage collectif sur la conclusion des archives françaises concernant la tragédie de Thiaroye : « Quand un groupement de tirailleurs sénégalais, presque tous des anciens prisonniers de guerre, se révolta à Thiaroye le 1er décembre 1944, l’enquête française arriva à la conclusion que les Allemands avaient expressément gâtés les Sénégalais dans le cadre d’un plan pour déstabiliser l’empire français » ! La préméditation du crime n’est-elle pas suffisamment claire, au regard des archives elles-mêmes ? Et Raffael Scheck renvoyait le lecteur au travail d’enquête d’Armelle Mabon qui parle bien de massacre à Thiaroye. Il n’y a aucun doute : soucieux de l’inviolabilité du temple français, dont il s’est déclaré l’intrépide gardien, Julien Fargettas avait volontairement sauté ces pages des archives et du livre de cette chercheuse afin de rester fidèle à ses convictions. Certains historiens nous étonneront toujours par leur patriotisme qui les autorisent à se donner beaucoup de libertés avec la réalité ou la vérité quand la France bataille sur des horizons lointains ! Encore un mot : Julien Fargettas ne va pas nous dire qu’il ignore qu’en ce XXIe siècle, lors des manifestations autorisées, l’État ne donne jamais un chiffre proche de celui des syndicats et que ceux-ci n’hésitent pas à le contester.

Raphaël ADJOBI

1 décembre 2022

Quand le buste de Nefertiti la Blanche pollue l'histoire de l'Egypte ancienne (Raphaël ADJOBI)

       Quand le buste de Nefertiti la Blanche pollue

                   l'histoire de l'Egypte ancienne

Nefertiti 2

          la supercherie de la Blanche Nefertiti dénoncée en 2009 est depuis couverte d’un long silence au point que ce buste est considéré comme l’exacte représentation de la femme de l’Égypte ancienne. Rappelons donc les faits afin que les jeunes générations ne suivent pas cette opinion commune sans se poser de question. En effet, quand on s’étonne des affirmations disant totalement le contraire de ce que l’on voit, la sagesse commande de suivre sa propre opinion ou de suspendre son jugement au lieu de suivre l’avis de la majorité :

https://www.facebook.com/100063722582543/videos/1151764652217375 

Nefertiti au Caire

          La seule et unique statue au monde représentant une Égyptienne des époques pharaoniques qui ne laisse aucun doute à personne sur sa blanchité (sa peau blanche) est indiscutablement le fameux buste de Nefertiti brandi en 1912 par l’égyptologue allemand Ludwig Borchardt. Buste visible au musée de Berlin et décliné en une multitude d’objets d’art, souvent vendus à prix d’or. Malheureusement, presque tout le monde ignore en ce XXIe siècle qu’au printemps 2009, l’historien et égyptologue suisse Henri Stierlin avait publié les résultats de ses recherches mettant en cause l’authenticité de ce buste de Nefertiti. Aujourd’hui, nulle part dans les musées et les salles d’exposition où des copies de ce buste sont installées, il n’est fait mention de cette contestation de son authenticité. Il faut dire que ce silence qui s’apparente à de la complicité rapporte beaucoup d’argent. Alors, personne ne veut cracher dans la soupe. 

Texture de cheveux

          Tant que ça rapporte gros, il faut faire comme si...

          Et pourtant, selon Henri Stierlin, la statue que son prétendu découvreur allemand dit tombée d’une hauteur d’un mètre (quelle précision !) mais n’ayant pour toute égratignure qu’une oreille ébréchée n’est rien d’autre qu’un faux, une réalisation personnelle de Ludwig Borchardt pour idéaliser la femme blanche. Le contexte de l’époque prônant ouvertement la suprématie blanche dans toute l’Europe où l’on assurait que tout ce qui est grand et beau est l’œuvre des Blancs s’y prêtait parfaitement. Par contre, la statue de l’époux de Nefertiti trouvée juste à côté de la sienne est défigurée ! Pas de chance !

Nefertiti et l'Egypte

          Le mercredi 28 décembre 2010, la chaîne de télévision France 3 a diffusé un documentaire faisant état des travaux de l’historien et égyptologue suisse. On y apprend qu’un contemporain de Ludwig Borchardt qui, le premier a vu la supercherie et a voulu la dénoncer, a été aussitôt nommé conservateur du musée qui a accueilli le fameux buste de Nefertiti. Une habile façon de le faire taire et étouffer la tromperie. En Égypte, assure Henri Stierlin et tous les autres intervenants du documentaire, les pierres et l’argile de l’Antiquité se trouvent en grande quantité sur les différentes ruines, jusqu’au centre du Caire. Avec ces matériaux, on peut fabriquer la statue que l’on veut accompagnée de l’attestation scientifique qu’elle est de l’époque pharaonique. Oui, si le matériau est d’époque pharaonique, la statue est de la même époque, même si on l’a fabriquée au XXe ou au XXIe siècle. Depuis le XIXe siècle, précise-t-on dans le documentaire, les nombreux faussaires n’ont jamais été inquiétés, puisque n’importe qui peut vous procurer un certificat d’authenticité justifiant le caractère antique de ce qu’il vous vend. Et un conservateur de musée d’ajouter : « tous les musées du monde possèdent de fausses sculptures antiques égyptiennes ». Édifiant n’est-ce pas ? Mais tant que ça rapporte, il faut fermer les yeux, en d’autres termes ne rien dire.

Le pharaon, le sauvage et la princesse

          On apprend aussi dans ce documentaire que l’Égypte avait timidement réclamé la restitution du buste de Nefertiti du musée de Berlin. Devant la fin de non-recevoir qui lui a été signifiée, le pays se contente depuis de la statue de l’époque pharaonique, incontestable et incontestée, de Nefertiti : l’originale au nez cassé. Malheureusement, celle-ci ne constitue pas une manne financière extraordinaire parce qu’elle n’a pas la même éclatante blanchité que celle de l’Allemand Ludwig Borchardt dans laquelle les Européens se reconnaissent. Est-ce pour cette raison qu’une Nefertiti blanche a été érigée sur une place publique en Égypte ? Risible mais vrai ! Que ne ferait-on pas dans ce pays pour gagner de l’argent auprès des touristes blancs ! Aujourd’hui, ce pays majoritairement peuplé d’Arabes « aux traits gras et bedonnants » (selon les Africains) érige sur les places publiques des statues qui leur ressemblent mais dans la posture des pharaons. Déjà, des générations de visiteurs croient que les pharaons, ces gouvernants de l’Égypte ancienne et de Koush, étaient des Arabes. Oui, pour beaucoup, l’antiquité égyptienne est orientale.  

Pharaons arabes

                  Difficile de s’affranchir de ses préjugés !

La couleur des Noirs

          Quand on visionne ou qu’on visite le musée égyptien de Berlin, il faut être absolument malhonnête pour ne pas constater immédiatement que la statue de Nefertiti de Ludwig Borchardt détonne dans cette galerie de portraits de l’ancienne Égypte. Mais tous les Européens des documentaires et des films préfèrent attribuer cela au fait que sa beauté est parfaite (!!). Personne n’ose relever sa couleur blanche trop évidente par rapport à toutes les autres statues du musée ! Mais il est certain que dans le for intérieur de tous les visiteurs européens, cette exception confirme la règle que l’Égypte ancienne n’est pas blanche. De même que de l’avis de nombreux voyageurs, celui qui visite le musée du Caire ne peut en aucune façon croire en une Égypte ancienne blanche ! Mais cet avis est tout à fait récent. Retenons tous cette vérité : avant 2021, aucune revue française n’a osé associer le nom pharaon et l’adjectif noir ! On se contentait de montrer ces gouvernants égyptiens et koushites sans oser parler de leur carnation puisque tous les Européens avaient accepté le fait qu’ils étaient blancs. C’était une évidence incontestable puisque les pseudo-scientifiques européens du milieu du XIXe siècle (période de l’invention du racisme) l’assuraient et les films européens à grands budgets le montraient depuis des décennies ! Heureusement, aujourd’hui il n’y a pas que les scientifiques qui disposent de documents pour donner un avis à suivre. Chaque citoyen est capable de regarder les objets et se poser des questions. Et cette nouvelle donne a sans doute contribué à une nouvelle façon de faire de la science, rendant obsolètes toutes les images de l’homme préhistorique toujours blanc, toutes les images des pharaons blancs régnant sur des peuples blancs constructeurs de pyramides dans le désert d’Afrique jusqu’au sud de l’actuel Soudan !

Les couleurs de l'Africain

          Oublions donc la science de ces préhistoriens et autres égyptologues du XIXe et du début du XXe siècle qui ont écrit l’histoire de l’humanité avec les vues racistes et sexistes de la société dans laquelle ils évoluaient. Aucune autre statue de l’ancienne Égypte représentant une femme indubitablement blanche (ou un homme blanc) n’est venue confirmer la Nefertiti européenne de Borchardt. Si aujourd’hui des revues françaises osent associer pharaon et noir, c’est parce que depuis une cinquantaine d’années, les préhistoriens et autres chercheurs ne se contentent plus de tirer des conclusions à partir des seuls éléments archéologiques qu’ils découvrent. Ils font désormais appel à l’ethnologie (l’étude des peuples). Une nouvelle méthode de recherche totalement différente de celles des deux derniers siècles est née : l’ETHNOARCHEOLOGIE ! 

Africains du Sahel et du Sahara

          L’ethnoarchéologie est une méthode scientifique qui prend en compte les peuples actuels pour mieux comprendre ceux du passé. Exemple, « L’étude des chasseurs-cueilleurs actuels peut [permettre de] mieux comprendre les modes de vie des populations du paléolithique », dit l’archéologue Sophie A. de Beaune. Effectivement, en 2018, des chercheurs ont fait appel à des chasseurs-cueilleurs Africains – précisément de Namibie – pour traduire ou expliquer des traces de pas dans la grotte de l’Aldène (Hérault), à leur grande satisfaction. Non seulement les Namibiens ont confirmé certaines de leurs hypothèses mais surtout ont révélé des comportements

Une figurine égyptienne 2022

insoupçonnés de celles et ceux qui ont laissé les traces il y a 8000 ans. Au XIXe et au XXe siècle, aucun Blanc n’aurait pensé faire appel à un « sauvage » africain pour l’aider à expliquer ce qu’il ne comprenait pas ! Et Sophie A. de Beaune d’ajouter : « [cette démarche] permet détendre le champ des possibles […]. Elle permet aussi d’écarter certaines hypothèses farfelues, jamais observées dans aucune population actuelle ou ayant existé » (Lady sapiens, 2020). En effet, parce qu’au XIXe et au début du XXe siècle ils ont négligé l’ethnologie, « les archéologues ont fait de l’Égypte ancienne un isolat, sans relation avec son environnement africain » (François-Xavier Fauvelle, Science et avenir, Hors-série juillet/août 2010). Si Nefertiti est blanche, son peuple blanc – aux usages si singuliers – qui aurait vécu durant des siècles ou des millénaires dans le désert d’Afrique devrait être reconnaissable sur ce continent. Malheureusement, on n’a jamais retrouvé sur terre un peuple blanc perpétuant quelques usages rappelant l’Égypte ancienne. Cette supercherie s’apparente à celle de l’affiche de propagande du XVIIIe clamant l’existence de marchés africains aux esclaves où les capitaines négriers allaient faire leurs courses ; image que les éditeurs français de manuels scolaires ont reprise sans discernement comme preuve d’une réalité africaine. Aujourd’hui, n’importe quel voyageur peut découvrir sur les côtes africaines les forts où les Européens tenaient captifs les Africains avant leur embarquement vers les Amériques mains et pieds dans les fers. Cette affiche de propagande du XVIIIe siècle comme Nefertiti la blanche de Ludwig Brochardt sont des exceptions qui confirment que la réalité est tout autre. 

Nefertiti

Raphaël ADJOBI

29 octobre 2022

Black Far West ou la fin du mythe de la conquête de l'Ouest américain

              Black Far West ou la fin du mythe

            de la conquête de l'Ouest américain

Cow-boys

          Tous ceux qui ont vu l’intégralité du documentaire Black Far West, le samedi 15 octobre 2022 sur la chaîne Arte, ont pu entendre l’un des derniers intervenants – un Blanc – dire de manière claire et nette que « chaque génération doit réécrire son histoire. L’histoire ne change pas ; mais notre perception de l’histoire change. Ce que nous choisissons d’inclure ou d’exclure diffère de génération en génération ». Et un autre intervenant, un Noir, a ajouté : « Nous voulons tous la vérité ; mais peu de gens veulent entendre la vérité. Beaucoup de gens ne veulent entendre que ce qui les met à l’aise. Ainsi, mettent-ils de côté les choses qui les mettent mal à l’aise. On aime que les gens nous disent qu’on a raison. On n’aime pas que l’on nous dise qu’on a tort ».

Le cavalier solitaire

          Nous pourrions arrêter là l’analyse du documentaire et dire qu’il appartient à chacun d’interroger sa conscience par rapport à ce qu’il entend régulièrement raconter autour de lui ou dans les manuels scolaires concernant l’histoire de son pays. Oui, chacun peut continuer à vivre avec ce qu’il retient ou pas comme leçon du documentaire. Cependant notre but étant d’instruire la jeunesse qui n’est nullement responsable de ce que ses aïeux ont fait, nous tenons tout de même à ce qu’elle sache que la jouissance insolente ou la perpétuation sans vergogne de certains héritagesla rendrait complice du crime ou du mensongequi leur est attaché. Notre ferme intention est donc de préserver cette jeunesse d’un récit erroné qu’elle pourrait véhiculer sans scrupule pour nourrir plus tard des discours politiques méprisants clamant que certains parmi nous n’ont pas d’histoire. Oui, celui qui affirme que l’Autre n’a pas d’histoire n’a pas d’estime pour lui. Et pendant trop longtemps, c’est ce que les États-Unis d’Amériques – et d’autres pays aussi – ont raconté à leurs citoyens et au monde entier. 

          Il apparaît clairement dans Black Far West que les héros blancs popularisés par le cinéma et qui constituent la culture des parents des jeunes collégiens, lycéens, et étudiants d’aujourd’hui étaient en fait des Noirs qui se sont illustrés dans les Amériques. C’est donc toute une narration de plus d’un siècle, tout un imaginaire construit sur le mensonge qui s’écroule pour les plus de 50 ans. Ce documentaire est l’histoire de l’Amérique dans laquelle Blancs, Noirs et autochtones dit Amérindiens occupent pleinement leur place ; alors que jusque-là les Blancs (visages pâles) occupaient toutes la place face aux Amérindiens (peau rouge) considérés comme des sauvages, le mal dont il fallait triompher. Le chaînon oublié dans le récit de la conquête de l’Ouest américain était donc le Noir. Et c’est sur leur contribution à l’histoire des État-Unis d’Amérique que ce documentaire met l’accent. 

          Le mythe des héros blancs de la conquête de l’Ouest

Cow-boy James Bakeworth

          Quelle désillusion pour les adultes de plus de 40 ou 50 ans de découvrir que l’histoire de Davy Crockett qui a bercé leurs années télé en noir et blanc n’est rien d’autre que celle du métis Américain James Backworth (1798 – 1866) qui avait trouvé refuge chez les Amérindiens et combattu à leurs côtés avant de servir dans l’armée fédérale contre eux. Ses prouesses racontées dans son autobiographie parue en 1854 n’ont pas été jugées dignes d’entrer dans l’histoire. La vie de Davy Crockett, nourrie sans doute de celle de J. Beckworth, si. En effet, au début du cinéma jusqu’à la fin du XXe siècle, pour être un héros, il fallait être blanc. Quelle désillusion d’apprendre que le héros blanc du film Le Justicier du Far West, ressemblant beaucoup à Zoro, n’est en fait que le blanchiment de l’histoire du plus grand Sheriff (adjoint) du Far West américain qui est un Noir. Il avait un cheval blanc et se déguisait souvent en cow-boy (métier méprisé exercé majoritairement au départ par des Noirs) pour approcher les criminels qu’il voulait arrêter. Les prouesses de Bass Reeves – car c’est de lui qu’il s’agit – ont inspiré des films comme Le shérif est en prison (une parodie du Far West) ou encore The Lone Ranger (de Gore Verbinski) – le cavalier solitaire qui va inspirer bien de mythes jusqu’aux récits des bandes dessinées. Quelle désillusion de découvrir que le métier de cow-boy, idéalisé et popularisé par le cinéma, est né avec les esclaves noirs qui s’occupaient des troupeaux. On les appelait « garçon » (boy) pour ne pas avoir à les appeler par leur nom !

Cow-boy - Mary Fields

          Quant au récit de la fameuse conquête de l’Ouest qui a laissé croire au monde entier que les Européens ont dû déployer des prouesses pour venir à bout d’un univers sauvage, le documentaire dit clairement que c’est là encore un mythe monté de toutes pièces et popularisé par les films hollywoodiens. La réalité est que les Noirs – les Buffalo Soldiers (honorés par Bob Marley dans une de ses chansons) – ont servi de bras armé au gouvernement fédéral pour arracher aux Amérindiens leurs terres et les donner aux Blancs. A partir d’avril 1889, ceux-ci n’ont eu qu’à se ruer sur le butin pour devenir propriétaires ; et cela dans une mise en scène théâtrale ! Voilà donc pulvérisé le mythe de la conquête de l’Ouest par les Blancs ! 

          N’est-ce pas vrai que la vérité finit toujours par triompher ? Terminons donc avec cette réflexion de David Grann tirée de son livre La note américaine : « L’histoire est un juge impitoyable. Elle expose au grand jour nos erreurs les plus tragiques, nos imprudences et nos secrets les plus intimes ; elle jouit de son recul sur les événements avec l’arrogance d’un détective qui détiendrait la clef du mystère depuis le début ».

Raphaël ADJOBI

* Toutes les photos (sauf celle de Bass Reeves) sont de la revue Télérama

20 octobre 2022

Les médias et la fabrique du mensonge (Réflexion de J. A)

             Les médias et la fabique du mensonge 

Julian Assange

          « Une des choses que j’ai découvertes, c’est que presque chaque guerre qui a débuté au cours des cinquante dernières années a été le résultat de mensonges médiatisés. Les médias auraient pu les arrêter, s’ils avaient fait suffisamment de recherches au lieu de relayer la propagande des gouvernements.

          Cela signifie fondamentalement que les populations n’aiment pas les guerres. Elles doivent donc être manipulées pour les accepter. Les populations n’acceptent pas aveuglément d’aller à la guerre ; cela revient à dire que si nous avions un bon environnement médiatique, nous aurions un environnement pacifique !

          L’ennemi numéro UN est l’ignorance ! C’est l’ennemi numéro UN de tout le monde. L’ennemi numéro UN de tout le monde c’est de ne pas comprendre ce qui se passe réellement. C’est quand vous commencez à comprendre que vous pouvez prendre de bonnes décisions. La question que l’on doit se poser est donc celle-ci : qui fait la promotion de l’ignorance ? Réponse : ce sont les organisations qui essaient de garder des secrets ! Et ces organisations déforment les informations réelles pour les rendre fausses ou non publiques. Dans cette catégorie, ce sont les mauvais médias qui agissent de la sorte.

          Mon avis c’est que les médias, en général, sont tellement mauvais qu’on doit se demander si le monde ne serait pas meilleur sans eux. Il y a de très bons journalistes ; et nous travaillons avec beaucoup d’entre eux. Il y a aussi de bonnes organisations médiatiques. Mais les médias sont majoritairement mauvais ! Ils déforment tellement la vérité du monde dans lequel nous vivons que le résultat que nous voyons est une continuité de guerres et de gouvernements corrompus ».

Julian Assange (Entretien sur vidéo).

Publicité
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 > >>
Publicité
Publicité